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Souvenirs de pension de Denise, 1934-39 (3) : l'habillement
Nous continuons avec les souvenirs de Denise PUTFIN (PETIT 1934-39) qui a fréquenté les Maisons d'Écouen de 1934 à 1936 puis de Saint-Denis de 1936 à 1939 car vous avez été nombreuses à lire les deux premiers chapitres. Nous remercions beaucoup Marie-Sophie MIOTTO qui nous a envoyé le recueil des souvenirs de sa grand-mère ainsi que Guy PUTFIN, fils de Denise, qui nous a procuré quelques photos que nous avons complétées avec des photos d'archives de l'association.
3. L'habillement
Le lit refait, bordé "au carré", nous nous habillions, toujours très modestement, en se servant de la chemise de nuit qui était très large et coulissée autour du cou, comme on se servait d'une cabine de bain en tissu éponge pour se rhabiller sur la plage.
Nous enfilions la chemise de jour qui était une réplique de la chemise de nuit, mais en plus court et un peu moins large, coulissée également à l'encolure et nouée avec un nœud à bouclette, ensuite un corset à jarretelles pour attacher les bas en gros coton côtelé beige qui grattaient terriblement au début, dont on ne peut même plus se faire une idée et qui ne risquaient pas de filer, une culotte ou plutôt un pantalon genre short large et à coulisse à la taille, un jupon-combinaison d'une pièce en gros coton écru et en laine marron l'hiver; il y avait aussi l'hiver, en plus, une camisole en gros coton écru comme le jupon, il y avait ensuite une "poche" amovible à s'attacher avec des cordons autour de la taille, qui était réglementée dans son contenu, elle nous tenait lieu en réalité de "fourre-tout", nous avions toujours des bricoles à y mettre, elle nous battait dans les jambes chaque fois que nous courrions... Pour y accéder, il fallait relever la robe, ce qui n'était pas très élégant. Plus tard, nous aurons une fente dans la couture de la robe qui sera beaucoup plus pratique.
Venait ensuite la collerette avec un plastron, toujours attaché avec des cordons, c'est dire le nombre de cordons, de noeuds et de bouclettes dont nous étions entourées. Il faut dire qu'à ce moment-là, on ne connaissait pas l'élastique, cela viendra par la suite. La collerette venait de madame de Maintenon qui l'avait elle-même choisie autrefois pour les demoiselles de Saint-Cyr. Enfin venait une robe en sergé bleu marine fermée par un boutonnage sur le côté et par-dessus laquelle nous faisions passer la collerette blanche et la ceinture de la couleur de la classe contribuait à agrémenter cet uniforme. Par-dessus la robe, à Écouen, nous portions également un "sarrau" en satinette noire de même forme que la robe. Tout cela était très grand, très large, car cet accoutrement était censé nous durer tout le temps de nos études.
Nous avions deux robes, une pour la semaine et une pour le dimanche. L'année suivante celle des dimanches descendait pour la semaine et nous en avions une neuve pour les dimanches, celle-ci était de la longueur des sous-vêtements, qui du fait que nous avions grandi était un peu plus courte, ce qui fait que d'année en année, nous étions plus présentables. Les petites étaient habillées très longues et les grandes plus courtes. Seule l'encolure de la robe changeait d'une année sur l'autre : ronde, carrée ou en pointe. Aux pieds, nous portions des chaussures basses, noires à lacets. Pour sortir - dans la Maison - nous portions une pèlerine bleu marine sans col, car nous faisions passer la collerette par dessus. Sur la tête un béret basque bleu marine en semaine et un chapeau cloche le dimanche. La forme du chapeau changea un peu au cours des années.
Chaque fois que nous nous déplacions à l'intérieur de la Maison, en dehors de la classe, nous devions mettre la pèlerine et le béret ou le chapeau et si nous allions chez Madame l'Inspectrice, Madame l'Intendante ou au parloir, nous devions mettre nos gants bleu marine.
Deux fois par semaine, le mercredi et le samedi soir, nous trouvions au pied de notre lit un paquet de linge propre et une paire de chaussures cirées (nous en avions deux paires) le tout marqué à notre numéro. Le lendemain matin, nous devions déposer l'équivalent en linge sale attaché par une large bande de tissu, toujours marqué à notre numéro dans une grande corbeille placée au bout du dortoir. Une deuxième corbeille recevait les chaussures attachées ensemble par les lacets. Le samedi soir nous passions au vestiaire chercher la robe du dimanche et vice-versa le dimanche soir.
Il faut dire que tout était parfaitement organisé.
Quand nous avions fini de nous habiller, de ranger toutes nos affaires, nous nous mettions en rang au pied des lits, puis nous descendions au réfectoire pour le petit-déjeuner.
A huit heures, nous étions en classe. Ce jour-là, le lendemain de notre arrivée, on nous emmena toutes les nouvelles, sur l'esplanade du château pour nous apprendre à faire la révérence, la petite et la grande, celle-ci étant réservée à madame l'Intendante, madame l'Inspectrice et le cas échéant aux visiteurs de grande marque. La petite pour toutes les dames de la maison. On les appelait "madame", mais elles étaient toutes célibataires et anciennes élèves.
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